Hommage au père Jean-Gabriel Arnould

Publié le par Admin

Hommage au père Jean-Gabriel Arnould

Homélie du Père Christian Mairy lors de ses obsèques, le vendredi 8 Janvier, en l’église Saint-Pierre de Bogny-sur-Meuse (Château-Regnault).


Chers amis,

Chacun de vous a au fond du cœur et dans la mémoire une histoire, une amitié, une reconnaissance, beaucoup d’événements différents qui nous rassemblent, comme un beau bouquet de fleurs différentes dans leurs formes et leurs coloris.
Celui que la plupart appelait Bab, ou le Bab, et que, vous le permettez, j’appellerai Jean-Gabriel, le nom de son baptême, nous a quittés très brutalement. On a beaucoup parlé de lui depuis lundi ... On s’est raconté des événements ...
Pour nous permettre de faire mémoire de lui, tous ensemble, vous et d’autres, une rencontre est proposée le vendredi 22 janvier, à 18 h 00, à la salle paroissiale de Mohon, près de l’église St Lié.
J’ai reçu hier ce texte d’un ami : « Nous sommes comme des livres. La plupart des gens ne voient que notre couverture ... au mieux ils lisent notre résumé ... mais ce qui est certain, c’est que très peu d’entre eux connaissent vraiment notre histoire. »
Nous, nous voyons le grand Jean-Gabriel, ses mouvements physiques, ses mouvements de tempéraments, et ses variations de caractères qui surprennent ... Certains d’entre vous le connaissent bien, avec le cœur. Ils ont été au-delà de la couverture. C’est vrai, nous ne connaissons des autres qu’une ou quelques facettes. Notre soirée du 22 sera utile pour que nous puissions libérer notre parole, dire et entendre tout ce que l’on a vécu de bon avec Jean-Gabriel ; Tout ce qu’il a été pour nous. On le connaîtra mieux.
Je voudrais centrer notre réflexion sur ce qu’il est avant tout. Il est prêtre. Prêtre de Jésus Christ. Prêtre avec les autres prêtres. « Le presbyterium, c’est ma famille », disait-il. Prêtre pour vous. Même si, nous le percevions, ses frères, sœurs, de leurs familles, ses neveux comptaient beaucoup pour lui.
Nous avons lu un texte de l’Évangile de Jean qui raconte le dernier repas de Jésus, lorsqu’il lave les pieds de ses disciples, geste réservé aux serviteurs et aux esclaves, pas au maître. Et Jésus nous livre son dernier message avant de mourir sur la Croix et de ressusciter.
Jean-Gabriel a entendu ce message. Il a vu Jésus à genoux devant ses disciples et non un maître sur un trône ... Et comme il savait le faire, Jean-Gabriel exprimait son projet de prêtre en provoquant par exemple les chrétiens de Bogny. Quand il est arrivé, curé, il leur a dit : « Vous cherchez à faire venir les gens dans l’Église ; C’est vous qui devez aller chez eux. »
Et comme Jésus disait et faisait beaucoup de choses lors des repas où il s’invitait ... Jean-Gabriel savait faire aussi. Je vois des sourires chez quelques-uns. Pour lui, le repas était le lieu privilégié de la rencontre. Il invitait beaucoup, il allait aussi manger partout, acceptait toutes les invitations, toutes les fêtes. « Comme Jésus, il ne demandait jamais ni la carte d’identité, ni l’extrait de baptême », me disait quelqu’un ...
Il aimait en particulier ceux dont l’Église est loin, il accueillait dans sa maison même si cela dérangeait ... Être avec, être au milieu et partager la joie d’une partie de belote ou de tarot ... un bonheur pour tous. Là, il est prêtre. Il voulait montrer que le Christ aimait tout le monde, les plus petits ... Même les mal vus par les autres, peut-être par les chrétiens de la paroisse. Provoquer était aussi un acte pastoral. Il savait aussi, tout simplement et discrètement, se détendre dans un club de tennis de table, son sport favori ...
Le texte de la 1ère lettre de St Jean lu tout à l’heure l’animait : « Bien aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Voilà comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous. Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui ... »

Voilà où être chercheur de Dieu : dans le monde. Il est chez tous ceux qui vivent dans leur vie quotidienne quelque chose qui ressemble à l’amour, au respect, au pardon, à la justice ... et s’il n’y a pas cela, Jean-Gabriel partageait aussi la souffrance, la violence, pour, en écoutant, en étant là, dire quelque chose de l’Amour du Christ signifié par lui.
Être là avec, pour dire la tendresse de Dieu, sa miséricorde, pour dire : « Dieu ne vous juge pas. Il vous aime comme vous êtes et il m’aime comme je suis, il est proche de vous. Il vous propose une amitié, un chemin de vie, de changement de vie ... Il vous invite à vous laisser aimer. Laisse-toi regarder par le Christ, car Il t’aime ... » Nous chanterons ce chant en pensant à Jean-Gabriel. Il continue à nous le dire : « Laisse-toi regarder par le Christ car Il t’aime ».
C’est ça l’amitié que Jean-Gabriel vivait avec vous, avec nous les prêtres, diacres, les évêques, les religieux et religieuses, ses frères et sœurs en Église. Il vivait cette amitié avec nous, avec vous tous et avec le Christ en profondeur. Si on ne regarde que la couverture du livre, on ne voit pas ... d’autant que par grande pudeur et parce qu’il ne parlait jamais de lui, il n’exprimait pas le profond de son âme. Discret aussi sur la manière dont il priait, célébrait alors que nous aurions pu bénéficier de sa manière de rencontrer le Christ, de vivre l’Évangile, de vivre sa communion à Dieu. Et aujourd’hui, nous tous le rencontrons en essayant de le connaître mieux.
Cependant, il y a un aspect visible de sa vie que nous connaissons : c’était les mots, les gestes, les lieux fréquentés lorsque les travailleurs, les travailleuses vivant l’injustice, dans les fermetures d’entreprises, les questions de la retraite, les licenciements abusifs, etc ... Là ; il s’exprimait. Et il était là, prêtre de Jésus Christ. D’ailleurs, nous savons que les ouvriers de Lenoir et Bernier sont très affectés par sa mort car ils reconnaissaient en lui un soutien dans la lutte. Discret, mais présent.
Jésus disait à ses disciples qu’ils devaient faire comme lui. Le lavement des pieds, ce n’est plus le geste habituel du service. Jean-Gabriel prenait cette invitation pour lui, mais aussi il affirmait que Jésus disait cela pour tous ses disciples, tous les chrétiens. Prenez soin de l’autre ... L’on ne descend jamais trop bas pour servir l’autre.
Jean-Gabriel voulait que les jeunes et les enfants vivent ce service les uns envers les autres, grandissent en humanité et connaissent le Christ qui les invite à le suivre. Seul moyen possible affirmait-il : la JOC et l’ACE en lien avec la Mission Ouvrière. Mais que les jeunes se prennent en charge, soient acteurs et pas assistés, ouvrent les yeux sur le monde, comprennent ce qui va, ce qui ne va pas, changent de vie. Jésus Christ leur montre le chemin de vie ... Idem pour les enfants : on ne fait pas à leur place ... Et les colères de Jean-Gabriel étaient surprenantes mais très fortes quand il percevait qu’on risquait d’empêcher un jeune d’être responsable.

Prêtre éducateur, éveilleur en humanité et en rencontre avec Jésus Christ, il disait : « Seul on ne peut rien faire. » Il a participé à tant de réunions d’Aumônier, de responsables de mouvements, de fédéraux JOC ou d’ACE, qu’il en connaissait par cœur les structures et il avait le souci d’y envoyer le jeune ou l’adulte qui se lançait ...
Beaucoup parmi vous l’ont rencontré là et ont reçu avec joie, parfois avec étonnement ce que d’une manière passionnée, il exprimait et projetait en avant.
Aujourd’hui, malgré les difficultés des mouvements de jeunes et d’enfants, il gardait en son cœur le même dynamisme, le même engagement, la même fidélité à sa première mission en 1965 ... la JOC ... Puisse sa confiance en la JOC et l’ACE nous aider à reprendre le flambeau. On lui confie cette mission. On a besoin de lui.

Prêtre qui croit en l’homme parce que Jésus Christ croit en l’homme.
Prêtre qui aide l’homme à grandir en humanité,
à découvrir et à développer ses talents,
à rencontrer Jésus Christ dans cette vie, dans l’Évangile,
en rejoignant un mouvement, une équipe, un groupe.

Prêtre conscient qu’il n’est pas prêtre tout seul et que les prêtres dans leurs différences sont ensemble « le prêtre » (le presbyterium) qu’il cherchait à être et dont il fut le signe au milieu de vous en étant avec vous. Ces dernier mois, limité physiquement et ne pouvant plus vivre ce service au milieu de vous, il voulait ardemment aller vivre en HLM pour au moins être au milieu des gens. Il vous a fait ce cadeau à vous tous, de partout (car il ne pouvait habiter qu’un seul appartement).

Quand il était ainsi au milieu de vous, pour vous, il était un prêtre heureux.

Père Christian Mairy


Le Père Jean-Gabriel Arnould a été inhumé au cimetière de Signy-l’Abbaye.

Publié dans Notre paroisse

Commenter cet article